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Instituto Rio Branco
Questão 1 de 1

Le XIXème siècle possède deux types de sociétés qui ont fait leurs preuves, et qui, malgré les incertitudes qui peuvent peser sur leur avenir, auront une grande place dans l’histoire de la civilisation. L’un est le type américain, fondé essentiellement sur la liberté et la propriété, sans privilèges de classes, sans institutions anciennes, sans histoire, sans société aristocratique, sans cour, sans pouvoir brillant, sans universités sérieuses ni fortes institutions scientifiques, sans service militaire obligatoire pour les citoyens. Dans ce système, l’individu, très peu protégé par l’Etat, aussi très peu gêné par l’Etat. Jeté sans patron dans la bataille de la vie, il s’en tire comme il peut, et s’enrichit, s’appauvrit, sans qu’il songe une seule fois à se plaindre du gouvernement, à le renverser, à lui demander quelque chose, à déclamer contre la liberté et la propriété. Le plaisir de déployer son activité à toute vapeur lui suffit, même quand les chances de la loterie ne lui ont pas été favorables. Ces sociétés manquent de distinction, de noblesse ; elles ne font guère d’oeuvres originales en fait d’art et de science ; mais elles peuvent arriver à être très puissantes, et d’excellentes choses peuvent s’y produire. La grosse question est de savoir combien de temps elles dureront, quelles maladies particulières les affecteront, comment elles se comporteront à l’égard du socialisme, qui les a jusqu’ici peu atteintes.

 

Le second type de société que notre siècle voit exister avec éclat est celui que j’appellerai l’ancien régime développé et corrigé. La Prusse en offre le meilleur modèle. Ici l’individu est pris, élevé, façonné, dressé, discipliné, requis sans cesse par une société dérivant du passé, moulée dans de vieilles institutions, s’arrogeant une maîtrise de moralité et de raison. L’individu, dans ce système, donne énormément à l’Etat ; il reçoit en échange de l’Etat une forte culture intellectuelle et morale, ainsi que la joie de participer à une grande oeuvre. Ces sociétés sont particulièrement nobles ; elles créent la science ; elles dirigent l’esprit humain ; elles font l’histoire ; mais elles sont de jour en jour affaiblies par les réclamations de l’égoïsme individuel, qui trouve que le fardeau que l’Etat lui impose est trop lourd à porter. Ces sociétés en effet impliquent des catégories entières de sacrifiés, de gens qui doivent se résigner à une vie triste sans espoir d’amélioration. L’éveil de la conscience populaire et jusqu’à un certain point l’instruction du peuple minent ces grands édifices féodaux et les menacent de ruine. La France, qui était autrefois une société de ce genre, est tombée. L’Angleterre s’éloigne sans cesse du type que nous venons de décrire pour se rapprocher du type américain. L’Allemagne maintient ce grand cadre, non sans que des signes de révolte s’y fassent déjà entrevoir. Jusqu’à quel point cet esprit de révolte, qui n’est autre que la démocratie socialiste, envahira-t-il les pays germaniques à leur tour ? Voilà la question qui doit préoccuper le plus un esprit réfléchi. Nous manquons d’éléments pour y répondre avec précision.

 

Ernest Renan. La reforme intellectuelle et morale de la France (1871). Union Générale d’Éditions, 10/18, 1967, p. 167-70.

 

Dans le texte, jugez si les items suivants sont vrais (C) ou faux (E).

 

À la, dans « il s’en tire », « en » pronominalise « la bataille de la vie ».


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