Sur le poème « Hymne à la beauté », de Charles
Baudelaire
Ce poème s’intègre à une série de poèmes de la section « Spleen et Idéal » (Spleen – invocation satanique; Idéal – invocation divine), où Baudelaire cherche à définir l’essence du beau et sa conception du poète et de la poésie. Baudelaire présente d’abord la beauté sous un visage ambigu et même contradictoire. Il montre ensuite la fascination qu’elle exerce sur lui, ce qui donne lieu à un véritable hymne à la beauté. Mais cette beauté toute-puissante est aussi de nature démoniaque, c’est pourquoi l’on peut parler de la beauté comme étant une fleur trempée de mal.
« Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de
l’abîme,
Ô Beauté? Ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime »
Dans ces vers Baudelaire cherche d’abord à définir la beauté et son origine. Elle se présente d’emblée comme un mystère qu’on ne cesse d’interroger et qui se revêt d’un caractère obsessionnel. On remarque que la beauté semble émerger d’une profondeur: « ciel profond », « abîme ». L’allusion à une profondeur ténébreuse souligne son origine obscure oscillant continuellement entre le bien et le mal.
« Que tu viennes du ciel ou de l’enfer,
qu’importe,
Ô Beauté! monstre énorme, effrayant,
ingénu! »
Une série d’images représentent cet antagonisme: l’opposition entre le haut et le bas « ciel profond/abîme », les ténèbres et la lumière « gouffre noir/astres », « ciel/enfer ». Le paradoxe le plus frappant est sans nul doute le rapprochement du beau et du monstrueux.
« O Beauté! Monstre énorme, effrayant,
ingénu!
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des
astres?....
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, »
Baudelaire définit le beau de façon paradoxale. Une série d’alliances de mots prouve la nature contradictoire de la beauté. La conjonction de coordination « et » souligne bien cette indissociabilité du bien et du mal. La beauté baudelairienne n’est pas seulement contradictoire. Elle marque aussi une évolution des conceptions de l’amour et corrobore la modernité de Baudelaire qui repose sur une alliance inhabituelle de l’horreur et de la beauté.
Adapté de: Lecture-Analytique-Du-Poème-
Hymne/527372.html