Fenêtres sur coeur
Notre existence ressemble à une nuit semée d’étoiles. Il nous faut, comme dit le poète, tenter “d’apprendre à vivre”, trouver la voie qui est la nôtre, marcher vers l’aube de celui ou de celle que nous avons à être, devenir, pas à pas, ce que nous sommes.
Le sentier est long, souvent escarpé, il se dérobe même parfois. Comment savoir ce que la vie attend de nous? Comment ne pas rater les rendez-vous essentiels de notre existence, faire les bons choix aux bons moments, oser les bifurcations salutaires, risquer l’aventure des chemins de traverse, dire oui ou non quand il le faut? Comment vivre pleinement, intensément notre “métier” d’homme ou de femme? Comment rester sur le pont de notre existence malgré le gros temps? Comment tenir le cap?
Dans le lent et obscur exode qui nous mène peu à peu vers la Terre promise de notre unification intérieure, nous avons besoin de phares. Et la vie nous fait, parfois, le cadeau de mettre sur notre route d’étincelants visages qui, comme des fenêtres ouvertes sur le coeur des jours, viennent nous révéler la voie. Jamais ces visages-là ne nous diront ce que nous devons faire de notre vie mais leur propre existence est pour nous un appel, comme une icône où attend de se révéler notre propre résurrection. Souvent ces hommes et ces femmes ont connu les brûlures de l’existence qui, inévitablement, riment un jour ou l’autre avec souffrance...
Ils sont passés par le creuset des douleurs, les heures de tombeaux où l’on n’est plus personne... La vie, peu à peu – ou trop à trop – leur a appris la vie. Ils savent un peu mieux – un peu moins mal? – comment marcher, oser le pas suivant... Ces hommes et ces femmes sont des veilleurs et des résistants, ils guettent la lumière et savent aussi se lever pour dire non. Il nous est parfois donné de rencontrer des êtres dont la lumière fait reculer un peu notre nuit. Leur parole ressuscite en nous la Parole et leur amour nous donne, à nous aussi, l’irrépressible désir d’aimer l’amour. Ils sont pour nous prophètes.
Et nous pouvons, à notre tour, modestement, pauvrement, faiblement, l’être un peu pour les autres. Transmettre quelques reflets de la lumière reçue. Chaque homme, chaque femme peut, sur cette terre, être, pour celles ou ceux que la vie lui donne de rencontrer, comme une fenêtre qui s’ouvre sur la résurrection, parce que, oui, c’est très grand un être humain!
Extrait de l’éditorial du magazine Panorama, nº 376.