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(Claude Lévi-Strauss est invité par Georges Dumas au poste de professeur de sociologie à l’Université de São Paulo)

 

[...] Le Brésil et l’Amérique du Sud ne signifiaient rien pour moi. Néanmoins, je revois encore, avec la plus grande netteté, les images qu’évoquèrent aussitôt cette proposition imprévue. Les pays exotiques m’apparaissaient comme le contrepied des nôtres, le terme d’antipodes trouvait dans ma pensée un sens plus riche et plus naïf que son contenu littéral. On m’eût fort étonné en disant qu’une espèce animale ou végétale pouvait avoir le même aspect des deux côtés du globe. Chaque animal, chaque arbre, chaque brin d’herbe, devait être radicalement différent, afficher au premier coup d’oeil sa nature tropicale. Le Brésil s’esquissait dans mon imagination comme des gerbes de palmiers contournés, dissimulant des architectures bizarres, le tout baigné dans une odeur de cassolette, détail olfactif introduit subrepticement, semble-t-il, par l’homophonie inconsciemment perçue des mots « Brésil » et « grésiller », mais qui, plus que toute expérience acquise, explique qu’aujourd’hui encore je pense d’abord au Brésil comme à un parfum brûlé.

 

Considérées rétrospectivement, ces images ne me paraissent plus aussi arbitraires. J’ai appris que la vérité d’une situation ne se trouve pas dans son observation journalière, mais dans cette distillation patiente et fractionnée que l’équivoque du parfum m’invitait peut-être déjà à mettre en pratique, sous la forme d’un calembour spontané, véhicule d’une leçon symbolique que je n’étais pas à même de formuler clairement. Moins qu’un parcours, l’exploration est une fouille: une scène fugitive, un coin de paysage, une réflexion saisie au vol, permettent seuls de comprendre et d’interpréter des horizons autrement stériles.

 

Je fus donc bien étonné quand, au cours d’un déjeuner où m’avait emmené Victor Marguerite, j’entendis de la bouche de l’ambassadeur du Brésil à Paris le son de cloche officiel: « Des Indiens? Hélas, mon cher Monsieur, mais voici des lustres qu’ils ont tous disparus. Oh, c’est là une page bien triste, bien honteuse, dans l’histoire de mon pays. […]. Mais, comment reprocher aux colons portugais d’avoir participé à la rudesse générale des moeurs? Ils se saisissaient des Indiens, les attachaient aux bouches des canons et les déchiquetaient vivants à coups de boulets. C’est ainsi qu’on les a eus, jusqu’au dernier. Vous allez, comme sociologue, découvrir au Brésil des choses passionnantes, mais les Indiens, n’y songez plus, vous n’en trouverez plus un seul… »

 

Claude Lévi-Strauss. Tristes tropiques. Paris, 1955 (Extrait,chapitre V, p. 37-39). (adapté).

 

A la lumière du texte, jugez si le item suivant sont vrai (C) ou faux (E).

 

Lévi-Strauss admet que sa découverte du Brésil et la compréhension qu’il en a retirée sont le fruit d’une étude méthodique et rationnelle.


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