QUOI DE NEUF DANS LES DICOS?
L’édition 2016 des bibles de la langue française – les célèbres dictionnaires Le Petit Robert et Le Petit Larousse – accueille une centaine de nouveaux mots, sens ou expressions. Comment ont-ils été choisis ? Chaque nouvelle entrée a dû respecter, comme pour les éditions précédentes, les deux critères suivants: être populaire et repris dans les médias ou être lié à l’actualité sans être un effet de mode éphémère.
Comme chaque année, les anglicismes sont les rois de ces nouveaux mots... Ainsi, on peut retrouver dans les deux dictionnaires mentionnés bitcoin, la monnaie électronique utilisée sur Internet, et big data, l’étude de données à grande échelle. Par ailleurs, si Le Petit Larousse choisit le mot mooc, qui signifie "cours en ligne", Le Petit Robert préfère introduire captcha, le code visuel de sécurité utilisé sur le web.
La francophonie tire cependant son épingle du jeu. En effet, le terme selfie fait son apparition dans les régionalismes du Larousse sous sa forme québécoise, égoportrait. Ce dictionnaire propose aussi de découvrir les mots comme amarrer, qui veut dire" séduire quelqu’un" à la Réunion, et chneuquer, utilisé en Suisse à la place de "fouiner".
Les amateurs de gastronomie ne sont pas en reste. Les deux ouvrages font la part belle au vocabulaire culinaire avec par exemple l’introduction dans le Larousse des mots crudivore, défini comme un régime alimentaire consistant à ne consommer que des aliments crus, et goji, une baie rouge comestible riche en vitamine C et très à la mode. Quant au Robert, il se distingue par les termes entomophagie, qui renvoie au fait de se nourrir d’insectes, ou encore yuzu, un agrume provenant de l’est de l’Asie.
Tendance "vert" oblige, le vocabulaire de l’environnement fleurit dans les deux dictionnaires. Le Larousse introduit circulation alternée, dispositif de circulation en vigueur dans une ville autorisant uniquement certains véhicules à circuler afin de limiter les effets de la pollution sur la santé. Dans le Petit Robert, quelques petits nouveaux s’appellent zadiste, militant qui occupe une "ZAD", c’est-àdire une zone à défendre et s’oppose à un projet d’aménagement qui porterait préjudice à l’environnement, et climatosceptique, qui met en doute le réchauffement climatique.
Enfin, les dictionnaires se mettent à la page pour refléter notre époque. Cela donne donc des mots du vocabulaire familier fréquemment utilisés par les jeunes comme dans le Larousse bolos, qui désigne un bouffon, lose, dans le sens de malchance. Le Robert présente, de son côté, les expressions imagées tendu comme un string, qui signifie « stressé », ou maquillée comme un camion volé, pour exprimer un excès de maquillage!
Le cru 2016 des deux dictionnaires démontre par la richesse et l’inventivité de ces quelques créations citées que le français a encore de très beaux jours devant lui.
Extrait de Quoi de neuf dans les dicos?, p. 25,
in Francophonies du Sud, nº 36, septembre-octobre 2015.