L’identité québécoise et la diversité culturelle
La construction identitaire d’un peuple s’inscrit dans un contexte social, historique, économique, politique, idéologique et géographique. Elle est en constante définition selon les changements dans le temps et l’espace. La mondialisation de la culture et l’individualisme posent des défis importants à une définition de l’identité culturelle collective. Celle-ci est le fruit d’un agir collectif, de solidarités, d’éléments qui rassemblent les gens d’une même appartenance et qui, à la fois, les distinguent par rapport aux autres groupes.
Le peuple québécois revendique une identité qui le distingue à l’intérieur d’un ensemble nordaméricain anglo-saxon, d’un continent qui est, et a toujours été, une grande terre d’accueil. Le Québec en soi s’est composé parmi des éléments culturels divers, dû à l’afflux d’immigrants venant de toutes parts. De Canadiens français à Québécois, la construction identitaire des habitants de la province s’est faite principalement sous l’égide de la résistance du fait francophone en Amérique du Nord.
L’immigration fait non seulement partie d’un projet du gouvernement québécois, mais elle est aussi une donnée inévitable à une époque de déplacements des populations. Depuis la fin de la guerre froide et le cheminement de l’humanité vers la mondialisation, les déplacements à l’échelle mondiale se sont accrus d’une façon importante. Que ce soit en raison de l’augmentation du tourisme, des stages d’études, de travail ou de coopération internationale, des conflits armés et des catastrophes avec leur lot de réfugiés, de l’accès au travail, de l’augmentation de la pauvreté et la quête d’une vie meilleure, etc., le flux migratoire international n’a jamais été aussi important qu’à l’ère actuelle.
Certains citoyens ont une conception ethnique de la société québécoise et mettent l’emphase sur des critères bien précis tels la religion catholique, le fait français, le statut de colonisé, etc., afin de la définir. Ces points de vue soulèvent des questions. Les repères historiques sont importants, mais ils sont loin d’être les uniques composantes de l’identité culturelle. L’identité est une construction symbolique. Elle n’existe pas en soi de façon autonome et évolue constamment à travers l’histoire et le temps dans un espace donné. Les différents éléments qui la composent ne sont pas tangibles, palpables. Ils font appel à l’émotivité et aussi à un projet collectif. De là l’importance d’être confiants face au devenir collectif et de rester ouverts de coeur et d’esprit.
Je suis convaincue que la diversité culturelle au Québec et une identité québécoise forte sont loin d’être irréconciliables. Je crois même que l’identité québécoise a besoin, aujourd’hui comme par le passé, de la diversité culturelle pour se définir. Le Québec s’est forgé à partir d’éléments culturels très divers. Le résultat est que les habitants de la belle province sont déjà très habiles dans le bricolage identitaire devenu nécessaire à l’époque actuelle. Comme le dit si bien l’un de mes anciens professeurs d’université, “Il faut assumer la créolisation des cultures qui fait désormais partie de nous-mêmes”.
judithcamier.wordpress.com